Exposer ou porter ? Etude sociologique de la shoes addict

Au même titre qu’on pourrait hésiter à exposer un tableau au risque de l’abimer à la lumière du jour, certaines fashionistas hésitent à griffer une semelle ou un talon à quelques centaines (milliers ?!) d’euros sur un trottoir ou sur le quai d’un métro. Ce n’est évidemment pas le cas de tout le monde et c’est ainsi que l’on voit aussi depuis toujours des tableaux sur les murs et des beautés sur les pieds.

Il y a donc plusieurs écoles : celles qui réservent le port de leurs souliers à des occasions choisies et celles qui courent après le bus en Jimmy Choo pour le plaisir de porter leurs précieux chaque jour de leur vie.

Les premières privilégient l’exposition : une bibliothèque remplie de talons ou un dressing à la Carrie Bradshow avec les chaussures sur étagères suffiront à les rendre heureuses : les brillantes en haut, les pailletées au millieu, les roses, les Louboutins. Leur plaisir réside dans la contemplation et la satisfaction de posséder les modèles tant désirés. Une occasion particulière pour chaque paire suffira à justifier un tel achat. Si elles devaient les porter, elles se seraient assurées au préalable que le sol de la réception est en moquette, ou qu’on les déposerait à la terrasse du point de rendez-vous de façon à ce que le sol foulé se limite au trajet entre la table et le comptoir.

Les secondes estiment que les chaussures sont faites pour être portées. Elles justifient leur investissement par la projection de porter cette paire avec tout. Elles se doivent donc de porter leur précieux achat au travail, en soirée et peut-être même de l’un à l’autre. C’est donc elles que l’on croisera, semelles rouges aux pieds, sur un quai de métro. Les plus téméraires seront à vélo. Qui en a vu ? Ce sont elles que l’on croise aussi dans les couloirs du bureau avec les talons qui claquent et qui auront les compliments du jour ! Les premières et les secondes seront dans tous les cas d’accord pour envisager des ballerines de secours, un trajet en voiture sur un siège passager, ou à scooter. Le sujet principal étant : exposer ses chaussures au monde, oui, mais sous leur meilleur jour et le nôtre. Préserver nos souliers tout en préservant notre chère voute plantaire pour durer jusqu’au bout de la nuit reste l’enjeu majeur de toute sortie de nos jolies chaussures, exceptionnelle ou non 😊.